Mes yeux s’étaient ouverts plus tôt que prévu. Ma nuit, pour le peu que je me rappelle, n’avait pas été aussi calme depuis un bon moment. Je n’avais pu réprimer un sourire à ces pensées. Je ne me souviens pas la dernière fois que cela c’était produit ; bien avant l’accident, sans doute.
J’avais alors repris une vie… presque normale. Le silence du matin m’avait submergé, et j’avais profité pleinement de tout ce qui m'entouré ; le vent, flottant à travers mes cheveux, le soleil à son zénith, l’eau de la douche, contre ma peau. Même les gens du campus semblaient plus heureux. Peut-être que ma joie était contagieuse, qui sait ? Lorsque mes pensées virevoltèrent sur le visage d’Ellie, je souris à nouveau. Tout ce qui se passait, aujourd’hui, était grâce à elle. Je revoyais son sourire, sa maladresse, ses longs cheveux châtains, tout chez elle me semblait merveilleux.
Je me demandais vaguement comment une telle relation avait pu naitre en si peu de temps. Nous ne nous connaissions que depuis quelques jours, mais c’était comme si nous avions été créés pour être ensemble. Comme si un aimant nous avez rapproché sans que nous nous en rendions compte. Mais je ne pouvais qu’être satisfait de la tournure des évènements. Hier, au moment de se quitter, lorsqu’elle avait franchit la porte, me séparant d’elle, j’avais subitement eu envie de courir la rejoindre, rester tout contre elle, à jamais. Elle me manquait déjà, et ce manque était encore plus présent maintenant.
Je ne savais pas exactement quand nous nous reverrions. Nous n’avions pas programmé de rendez-vous, de lieux ou nous revoir. Ce serait le jeu du cache-cache, en quelque sorte. Du premier qui retrouvera l’autre. Je marchais alors le long des bungalows, promenant mon regard sur l’horizon. J’espérais bien l’apercevoir au loin, me souriant de toutes ses dents. Elle aurait courut vers moi, et nous nous serions enlacés jusqu’au couché du soleil. Un peu comme dans un rêve.
Un bruit non loin se fit entendre, et c’est lorsque je tournais la tête que je la vis.
Elle était par terre, et son visage ne reflétait que l’anxiété et la peur. Ni une, ni deux, je courus vers elle. Son bras s’était ré ouvert, et je ne mis pas longtemps à comprendre qu’elle avait de nouveau trébuchée. Décidément, sa maladresse était sa caractéristique principale. « Ellie. Ellie, je suis là. » Elle semblait prête à s’évanouir, le sang et elle n’étaient pas meilleurs amis. « Je t’emmène à l’infirmerie. » Je passais mon bras sous son dos, et un autre derrière ses genoux pour la soulever. Elle était aussi légère que la dernière fois, et je n’eus pas de mal à la caler contre moi.

C’était assez étrange, comme relation. Beaucoup trop, même. Tout était nouveau, je n’étais pas expert, et je n’avais aucune idée de où tout cela nous mènerait. C’était un peu comme si l’on jouait les yeux bandés, que tout n’était que surprises et découvertes. Je devrais sans doute m’y faire. Pour l’instant, rien n’était gênant ; nous faisions comme si nous nous connaissions depuis longtemps. C’était instinctif, je ne me questionnais pas. Juste, j’agissais. Je pense que c’est la meilleure façon de prendre les choses.
Son visage rayonnait autant que le mien, j’étais heureux de la voir ainsi. Son bras ensanglanté ne m’avait pas fait un bien fou, j’avais été inquiet – une première pour moi. Je n’avais jamais vraiment ressentit de l’inquiétude pour quelqu’un. Mis à part mon père, le jour où il avait ‘disparu’, je n’avais pas éprouvé de telles sensations.
Quelque chose d’encore nouveau, survenait en sa présence. Le fait que je puisse tout lui dire, sans ressentir le moindre embarras. Lui avouer que j’en voulais encore en était la preuve formelle. Jamais je ne me serais crus capable de telles paroles. Ce n’était pas méchant, je souhaitais juste lui dire ce qui me passait par la tête. Et si ça la dérangeait, elle le cachait vraiment très bien.
« Dans ce cas, j’ai bien peur de ne pas pouvoir m’arrêter. »
Ses lèvres vinrent de nouveau se coller aux miennes, tendre caresse qui réussissait à me réchauffer tout entier. Son baiser était plus passionné, plus osé. J’étais surpris. Elle qui avait été jusque là douce et timide, notre relation faisait un bon en avant. En si peu de temps… Je n’arriverais jamais à m’y faire. Nous nous desserrâmes un peu, et je pus profiter de son joli visage. Elle avait cette espèce d’air sauvage et en même temps, amoureux dans le regard. Je frissonnais.
« Je suis désolé si je te rends triste, mais je ne peux pas passer la journée à t’embrasser. »
Je ris, passant une main dans ses cheveux ondulés. Mes paroles me rendirent triste, à la place d’elle. J’aurais bien évidemment aimé, j’aurais voulu l’embrasser, la serrer contre moi pour l’éternité.

Mes pensées dérivèrent, partant sur une autre voie, mais gardant néanmoins les mêmes personnages principaux. Je me voyais, plus vieux, plus mature encore qu’alors. Mais j’avais la désagréable sensation de points d’interrogations, clignotant au sommet de mon crâne, un peu comme si ces images n’étaient pas certaines. Elie était juste à côté de moi, les traits plus adultes. Elle souriait, le sourire qu’elle avait en ma présence. Peut-être que mes pensées me renvoyaient à mon futur, avec elle. Ce que je devais comprendre, c’était que tout cela pouvait être éphémère, et disparaitre un beau jour, sans que je ne m’en rende compte. Mais pour le moment, je ne devais pas m’en faire. Je ne devais pas m’inquiéter de ma vie future. Je devais m’occuper de mon présent.
Elie me gratifia d’une jolie grimace, suite à mes paroles. Avait-elle imaginé que cela puisse se faire ? Je lui souriais, son visage me faisait penser à celui d’une enfant. S’en était probablement encore une. Une grande enfant, comme Peter Pan.
« Ce ne serait pas raisonnable… » Sa main caressant mes cheveux me fit frissonner. Est-ce que ce serait toujours ainsi, avec elle ? Je l’espérais, et j’acceptais volontiers toutes les émotions et sensations qu’elle me procurerait.
Sa main glissa, s’emparant de la mienne. Sa peau était douce, plus douce que les draps fraichement lavés de mon enfance. Je sentais son parfum m’envouter, un arôme délicat et fruité. J’aurais passé ma vie à sentir son odeur, coller sur ses cheveux et sa peau. Mon Dieu, je devenais fou !
« On va se promener ? »
Bien sûr ! , je lui criais dans ma tête. Partons tous les deux, avançons, ne pensons plus qu’à nous. Je serais sans doute passé pour détraqué, si je lui avais dit ça. Je me contentais d’un bon vieux « Très bien. », et lui proposait un sourire pour accompagner mes paroles. Je devais être raisonnable, et sérieux, pour ne pas la perdre.

( et moi de même. Oui, je suis inscrite sur un autre forum rpg. Est-ce qu'on continue le sujet ici, où on change de lieu ? )

Mes pensées virevoltaient, passant de mon présent à mon passé, comparant ce moment à un avenir plus proche que je ne le pensais. Je me rappelais la première fois que j’avais embrassé une fille ; la fille la plus jolie de la classe. J’en avais de la chance. Mais celle qui m’appartenait aujourd’hui n’était-elle pas encore plus belle, plus magnifique ? Avec sa maladresse qui la faisait passer pour une demoiselle en détresse, ses longs cheveux auburn, son sourire ; tout me paraissait éblouissant chez elle.
Sa main prit la mienne. Et ce touché, innocent et délicat, déclencha une sensation de chaleur dans mon bras. C’était assez étrange, un peu trop inhabituel pour que je ne m’en préoccupe pas. Comment une personne aussi candide qu’elle pouvait me provoquer de telles sensations ? C’était invraisemblable !
Je n’ouvris pas la bouche durant la marche, observant néanmoins les alentours, touchant des yeux les feuilles des arbres, écoutant le vent chanter. Ellie me ramena à la réalité en s’adressant à moi.

« J’ai l’impression que tu guettes chacune de mes réactions… De quoi as-tu peur ? »

J’étais démasqué.
Mes lèvres formèrent une ligne droite. Comment étais-je censé répondre ? Enfaite, j’ai peur de tout gâcher. Ça a été si vite que je ne veux pas brusquer encore les choses. Oui, voila ce que je devais lui dire, mais se serait la rendre autant anxieuse que moi, non ?
Je respirais un bon coup, et lui répétais ce que j’avais pensé.

« Tout a été très vite, entre nous. Est-ce que tu aurais imaginé être attiré par quelqu’un le lendemain de ton arrivée ici ? Pas moi, en tout cas. »

Mes paroles n’avaient pas vraiment de sens dans ce contexte là. J’étais idiot de commencer comme ça. Enfin bref…

« J’ai peur de tout gâché en faisant quelque chose qu’il ne fallait pas. Tu comprends ? »