Nuit difficile { Duncan.

Première nuit ici, à Emerald Inn. Lorsque j'arrive au bungalow pour essayer de dormir, deux de mes colocataires étaient là. Le garçon, Duncan surement, car c'est le seul garçon de ce bungalow, et sa soeur, Jessie si je me souviens de la liste... J'entre, ne les regardant pas... au risque de passer pour une fille ignorante et odieuse.
Je vais vers ma valise, en sort un pyjama léger, car il fait encore chaud, la nuit, en Californie... Je me dirige vers la salle de bains, et me change. J'en sors, et la fatigue se ressent en moi, même si je ne suis pas sure d'arriver à dormir, malheureusement. Je pose mes affaires de jour sur ma valise en prenant soin de les plier, et me couche. Duncan et sa soeur parlaient. Ça ne me dérangeait pas, mais je mis mon Ipod en route, ressentant le besoin d'écouter de la musique.
Les heures passent. Vers vingt-trois heures du soir, je ne dors pas encore. Les yeux grands ouverts, je toise le plafond en y cherchant des formes - que je ne trouverais pas. Derrière la mélodie que j'écoutais dans mon Ipod, je remarque que Jessie et son frère ont cessé de parler. Depuis un moment surement...
J'ai besoin de prendre l'air. Je me lève, silencieusement, et pars en direction de la porte. Je l'ouvre, la referme doucement, et m'assois sur le perron, pensive, à regarder le ciel de cette nuit étoilée.
Quelques minutes passent, et soudainement, la porte derrière moi s'ouvre... C'est le garçon, Duncan, qui... visiblement, vient me rendre visite. Il veut parler ? À une tombe ? Enfin bon... Laisse le faire, tu verras bien.

Invité

Apès une journée comme aujourd'hui, on aurait pu croire que j'étais crevé, fatigué, que je ne tenais plus debout. C'est vrai, je m'étais levé tôt, j'avais quitté ma maison pour prendre le bus. En arrivant, j'avais découvert le camp, mes colocataires... Que d'émotions dans la même journée!

Dans le bungalow, je me rapelle que personne n'avait ouvert la bouche. Les deux filles, une petite blonde et une autre, brune, plus grande avait gardé le silence, et pour respecter ça, ni Jessie, ni moi avions parlé. Je m'étais occupé de ranger tranquillement mes affaires. Le soir, on devait se rendre au self. J'y allais avant tout le monde, et manger rapidement, pour éviter le plus de monde: rester seul à seul avec quelqu'un, ça passait encore, mais pas devant une vingtaine de jeunes.

À mon retour, le bungalow était désert, et j'en profitais pour prendre ma douche. Pour dormir, j'arborais un un debardeur blanc avec un bas de jogging gris délavé. Au bout d'une demi-heure, nous étions tous prêts à dormir. Je me glissais dans mon lit, Jessie dans celui d'à côté. Nous commenciâmes à discuter, mais rapidement, elle sombra dans le sommeil. Seulement, moi non. Je gardais les yeux ouvert, scrutant les arbres par la fenêtre, en face de moi.

Au bout d'un certain temps, je vis la jeune brune se lever. Elle sortit, et au bout d'une dizaine de minute, je décidais de la suivre, surtout pour prendre l'air. J'ouvris la porte, marchait derrière le bungalow, et je la trouvais, là. Elle tourna la tête, presque effrayé, mais elle dut me reconnaître car elle retourna la tête. Je me mit jsute à côté d'elle et glissa contre le bois du bungalow.

▬ Problème de sommeil, toi aussi?

Je lui tendit alors ma main.

▬ Duncan, Duncan McFadden.

Pas de chance, c'est - évidemment - à moi qu'il vient parler... En même temps, à qui d'autre ? Aux murs du bungalow ? Bref, j'étais quelque pu effrayée à son arrivée, mais n'étant pas la plus forte en contact, je tournais la tête.
Le voilà qu'il vient s'assoir à côté de moi, la tombe. Il s'appuya le dos contre le bois du bungalow. Et m'adressa finalement la parole... alors que moi, je levais les yeux au ciel, discrètement, ou pas.

▬ Problème de sommeil, toi aussi?

Alors, que répondre. Ben, oui, évidemment, mais bon, comme depuis quatre années, je ne suis pas vraiment bavarde... j'ai pas envie de répondre. Surtout, je ne le connais pas, moi. En fait, je ne connais personne ici, après réflexion.
Allez, après un petit effort, je marmonnais...

▬ Ouais.

Il constatera plus facilement que le contact, la parole, ne sont pas mon fort. Lui, malheureusement pas déstabilisé par ma réponse courte et presque sèche, continua à parler. Mince alors, il est bavard, lui !

▬ Duncan, Duncan McFadden.

Ah, ben voilà le moment que je redoutais, les présentations. Bon ben, si je me remémore ce que mon père m'a dit : que je rencontrerais surement des gens qui contribueront à me faire redevenir comme avant... Bon, encore un effort, Eva.

▬ Je sais. T'es le seul garçon du bungalow, j'ai retenu ton nom.
Moi... c'est Eva.

Répondis-je de ma petite voix... Et je lui serrai la main, bien que réticente à ce geste, mais bon, c'est encore un effort de ma part !

Invité

La jeune fille était assise juste à côté de moi, et je la sentais plus que tendu: oui, il y avait apparemment pire que moi ici. Même vraiment pire. Quand je lui demanda si elle n'arrivait pas à dormir, je n'eus en réponse qu'un vague "ouais". En même temps, ma question était idiote, et que répondre d'autre? Disons que ça servait juste à entamer la conversation. Certes, conversation qu'elle n'avait pas envie d'entamer. Mais je poursuivis, au risque de passer pour un gros lourd. Je me présentai donc. Elle me répondit qu'elle s'appelait Eva, et qu'elle se rappelait de mon nom, étant le seul garçon du bungalow.

▬ Oui, c'est vrai. Moi ça me déplait pas. Entouré de fille tout le temps!
Haha, super ta tentative de blague Duncan, t'es le roi de l'amusement hein. Avant qu'elle ne puisse réfléchir à cette phrase si profonde, je poursuivis:

▬ Euh, non, laisse tomber, moi et l'humour ça fait pas deux, ça fait vingt-cinq. Enfin bref, enchanté Eva, c'est un très beau prénom.

Le temps, dehors, c'était rafraichit, mais ce n'était pas déplaisant, au contraire, dans cette chaleur étouffante, le moindre air frais était bienvenue.

▬ On est bien, au fond, ici.

Ok, Duncan, stop. On arrête les tentatives à deux balles de commencer une discussion, si elle répond pas, on se casse ok? En plus, tu commences même à te parler tout seul, elle est belle la jeunesse.

J'avoue, je ne veux pas parraître égoïste devant lui... alors commencer une conversation à vingt-trois heures du soir, c'est pas mal, non ? Seulement, par quoi commencer une discussion avec Le parfait inconnu ? Énigme à résoudre.
Mes réponses, bien vagues semblaient le déstabiliser. A ses yeux, je n'étais peut être pas très sympa, sur le moment... Fais un effort, Eva. Oui, mais par quoi commencer ? Lui reprit la parole... avec un lueur d'espoir pour que cela commence une conversation, je le regardais.

▬ Oui, c'est vrai. Moi ça me déplait pas. Entouré de fille tout le temps!

Etait-ce une approche pour me faire rire ? Apparemment, oui, car il me stoppa avant que je puisse répondre que je ne saisissais pas le sens de son humour...

▬ Euh, non, laisse tomber, moi et l'humour ça fait pas deux, ça fait vingt-cinq. Enfin bref, enchanté Eva, c'est un très beau prénom.

Bon, ça va, je n'aurais pas à lui lancer une pauvre vanne pour lui dire de garder son humour... et puis, ce serait méchant et je ne veux pas qu'il me pense méchante, car de naturel, je ne le suis pas.

▬ Merci...

Bon, comment relancer la conversation presque vide et ennuyeuse ?

▬ On est bien, au fond, ici.

En parlant météo ou atmosphère ? Je suppose, les deux. Voilà qui est plus facile à répondre !

▬ Oui... j'avoue.. Il fait beau la majeure partie du temps et les gens sont gentils, ici... alors ça peut aller... Mais je ne me sens pas vraiment à ma place.

Ce n'était pas la peine d'en dire trop... enfin, pas grave. Espérons qu'il débouchera sur un autre sujet...

Invité

Pauvre fille. Autant de stupidité en trois phrases, c'est possible? Apparemment oui, elle doit me prendre pour un fou qui ne sait même pas parler. Seulement, que dire d'autre? Parler de la dernière emissions, série, sortie ciné ou du nouveau groupe trop "fun"? Le problème, c'est que je n'en savais rien. Depuis des mois, j'étais coupé du monde! Je ne savais vraiment pas quoi dire. Quand je lui avait dit qu'on était bien ici, c'était purement pour meubler la conversation. Le New Jersey me manquait déjà. Enfin non: ma vie si vide me manquait.

▬ Oui... j'avoue.. Il fait beau la majeure partie du temps et les gens sont gentils, ici... alors ça peut aller... Mais je ne me sens pas vraiment à ma place.

C'était vrai qu'il faisait vraiment beau, ici. Bien qu'un peu chaud: heureusement, il y aurait un lac. J'irais y faire un tour, peut-être. Par contre... Les gens, gentils? J'espère qu'elle voulait parler du personnel ou de je ne sais qui, mais les jeunes présents ici étaient... renfermés. Tous. Après réflexion, je me dit qu'elle avait sûrement raison: il fallait gratter un peu, et on découvrait leur fond. Elle m'avoua qu'elle ne se sentait pas à sa place.

▬ Je pense... Je pense qu'au fond,on serais tous mieux chez nous. Enfin, je pense surtout que ce serait ce qu'on veut.

En tout cas, c'est ce que je voulais, moi. Mais comment désobéir à ma mère? Elle qui m'avait si bien élevé, et qui était maintenant en prison. Et je n'y pouvais rien. Le mieux que je pouvais faire, c'était de respecter sa demande.

▬ Je suis désolé si je t'embête. Dis-le, et je partirais, mais on va partager le même bungalows pendant... Je sais pas combien de temps, mais pendant un certain moment. Alors si on peut pas un petit peu, rien qu'un petit peu compter sur les autres pour faire évoluer les choses, je vois pas ce qu'on va devenir.

Bon, c'était pas super, mais au moins, j'allais être fixés. À présent, on entendait plus rien, à part nos chuchotis et notre respiration. La lune était cachée, derrière des nuages gris, et l'obscurité était telle, que je ne voyais que ses yeux brillants. L'instant était comme figé. Moi la regardant dans les yeux, elle faisant de même, tandis que j'attendais sa réponse.

Il faisait si bon ce soir. C'était agréable d'être dehors. Parce que dans le bungalow, l'air frais n'est pas vraiment là. Quand on dort, on meurt de chaud. Première nuit ici, premier constat, la température dans le bungalow... c'est bête. Un petit courant d'air vint me chatouiller la colonne vertébrale... Même si c'était froid, c'était agréable. J'eus quand même quelques frissons. J'en avais même oublié ma conversation avec ce Duncan, qui, au premier abord, parle trop, mais est vraiment sympathique. On parlait météo, premièrement. Je lui avais dit que je ne me sentais pas à ma place. Il me répondit que c'était normal, qu'au fond, ce qu'on désirait c'est être chez nous, avec l'être aimé. L'être aimé. Ma mère me manque énormément, depuis quatre ans. Le vide qu'à laissé mon père en me déposant ce matin se ressentait en moi, et ce malgré le fait que depuis quatre ans, je ne lui ai jamais vraiment magnifesté mon amour pour lui. Effectivement, au décès de maman, j'ai tout laissé. Mes amis, et ma famille... J'ai tout perdu, mais mon père était là, et malheureusement, je ne l'ai jamais remercié...
Duncan s'excusa, au cas où je l'embêtais. Non, ce n'était pas le cas, j'avais décidé de faire connaissance, essayer de retrouver des amis. Il dit qu'il pouvait partir et me laisser seule si jamais je l'embêtais. Mais il ajouta qu'on allait devoir se cotoyer durant un long moment, alors le mieux serait de ne pas en rester là.

▬ Non, t'es pas embêtant, je te trouve sympa ne n'inquiètes pas.
Si tu me trouves distante ou même froide, je suis désolée, depuis quatre ans, le contact, je n'en ai pas, j'ai tout perdu.
J'ai pris une espèce de bonne résolution en arrivant ici, j'ai décidé de me faire des amis. Essayer en tout cas...

J'essayais d'esquisser un petit sourire... Raté.

Invité

Haha, j'avais sorti mon petit monologue mélodramatique. Putain, ce soir je m'aimais vraiment pas. Je me levais, fouillais dans ma poche. Ah, elles étaient là. Mes cigarettes. J'en allumais une tandis que je me dirigeais en face d'elle, contre un arbre. Pas trop près, c'était impoli d'imposer sa fumée. Je lui en aurais bien proposé une, mais, ça aurait été décalé: elle ne fumait peut-être pas. J'avalais la fumée, qui remontait ensuite dans ma gorge, la brulant de ce souffle chaud, puis j'expirais. C'est alors qu'enfin, elle repris la parole, d'une voie toute petite, toute douce, comme si elle n'avait pas eu à répondre à une question embarrassante depuis bien longtemps.

▬ Non, t'es pas embêtant, je te trouve sympa ne n'inquiètes pas.Si tu me trouves distante ou même froide, je suis désolée, depuis quatre ans, le contact, je n'en ai pas, j'ai tout perdu. J'ai pris une espèce de bonne résolution en arrivant ici, j'ai décidé de me faire des amis. Essayer en tout cas...

Bon, j'étais pas embêtant pour elle. Avec un peu de chance, elle disait la vérité. Et... qu'est ce que j'avais vu ? Un sourire ? Ou du moins, un essai. C'était entre le rictus forcé et la douleur. Enfin bon, je pensais que je devais le prendre comme ce qui se rapprochait le plus pour un sourire. Plus de contact ? Je connaissais ça. Enfin, j'avais eu ma sœur. Mais elle, elle semblait vraiment avoir de gros problèmes dans le relationnel. Il fallait l'aider ? Oh, advienne que pourra. *Il faut vraiment que j'arrête avec cette expression."

▬ Si tu veux te faire des amis... Je suis là.

Ah, ça, j'en étais fier. Bon, je ne pensais pas me prendre un bon gros vent. Et puis, c'était comme ma BA - bonne action - de la soirée. Sauf que ça, je pouvais plus le dire, car j'étais presque dans le même cas qu'elle. Moi aussi j'avais vécu séquestré par moi-même. Au fond, l'union fait la force ? *Stop les dictons, stop.*

▬ C'est si gentiment demandé.

▬ Je viens du Nouveau Mexique.
Et toi ?